Comment comprendre les pleurs de votre bébé ?
Quel parent ne s’est pas retrouvé démuni devant les pleurs de son bébé ? Un bébé en bonne santé peut pleurer 2 à 3 heures chaque jour. Les pleurs diminuent ensuite avec le temps. A-t-il faim ? Il ne veut pourtant rien avaler. A-t-il sommeil ? Il ne s’endort pas. Vous avez tout essayé mais rien ne le calme. Vous aimeriez un traducteur pour vous aider à le comprendre. Et si ce « traducteur » existait ? Dans cet article, nous vous donnons quelques traductions pour mieux comprendre votre bébé et « parler couramment » avec lui.
Le livre de Priscilla Dunstan pour décoder les pleurs de bébé
La chercheuse australienne Priscilla Dunstan a développé une méthode pour décrypter les pleurs de bébé : le Dunstan Baby Language. Dans son livre parental Il pleure, que dit-il ?, cette maman à l’oreille absolue a détecté 9 grands cris émis par les bébés entre 0 et 4 mois. Ils résument selon elle tous les besoins de bébé dès sa naissance. Son guide, très pratique et reconnu, est utilisé dans certains pays comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne dans les cours de préparation à l’accouchement ou en maternité !
Cette formidable découverte est un outil qui peut aider les parents mais aussi les professionnels en crèche à se sentir moins démunis face aux pleurs de l’enfant. Aussi, par de l’observation et de l’écoute, il est possible de repérer les signes qui indiquent un besoin et lui assurer une sécurité physique et psychique.
La traduction pour reconnaître les différents pleurs et cris de bébé
Le tout premier langage de bébé est de pleurer. Comme les adultes, votre enfant va rencontrer des situations qui ne lui plaisent pas ou qu’il ne peut pas gérer par lui-même. Chaque pleur est différent et signale un besoin vital : la faim, le sommeil, la fatigue mais aussi la douleur. C’est en fait le besoin du bébé qui détermine la position de sa langue dans la bouche et conditionne la sonorité inimitable de ses cris.
Voici les 9 sons cachés dans les pleurs de bébé :
- « Neh » signifie que bébé a faim. Lorsqu’un bébé a besoin de manger, il a un réflexe de succion. Il va alors mettre sa langue au palais, faire vibrer sa voix, et cela va générer le son « neh ».
- « Nah » signifie que bébé a soif. Le son « nah » provient d’un mouvement de la langue associé à une vibration vocale à l’intérieur de la bouche sèche de bébé. Similaire au mouvement de succion, la langue s’arrête à mi-chemin derrière les gencives du haut et redescend directement.
- « Aoh » signifie que bébé a sommeil. Le bâillement de bébé produit le son « aoh » qui sera le même dans les cris à plein poumons. Le conseil de Priscilla Dunstan : « Il est important de décrypter le pré-cri aoh comme signe avant-coureur de la fatigue, car les bébés, comme les adultes, s’endorment plus facilement quand ils commencent à se sentir un peu fatigués. Sinon, ils risquent de trouver un second souffle et de s’exténuer. Paradoxalement, ils auront alors plus de mal à s’endormir.»
- « Eh » signifie que bébé a un rot coincé. Ce son, produit par le réflexe d’éructation, signifie que de l’air est bloqué dans la partie haute de son système digestif.
- « Ouin » signifie que bébé n’en peut plus. Ce pleur signifie que bébé a été trop stimulé et n’est plus capable de gérer la situation.
- « Eair » signifie que bébé est surchargé d’émotions. Ce petit mot indique que votre enfant a eu une journée chargée en émotions.
- « Lelol » ou « Lealol » signifie que bébé se sent tout seul. Chez votre bébé qui n’a pas de dents, ce soupir soulève sa langue et la fait papillonner. Vous pouvez essayer de reproduire ce son : il suffit de soupirer en ajoutant de la voix, en détendant la langue et en ouvrant la bouche quasiment jusqu’au bâillement, puis refermer la bouche.
- « Eèrh » signifie que bébé a un inconfort. Il s’agit ici d’un réflexe de contraction des muscles abdominaux du système digestif, souvent lié à la présence de gaz emprisonné dans le gros intestin.
- « Guèn » signifie que bébé a mal aux dents. Bébé va grommeler dans un premier temps. Puis, dans le stade du pré-cri, vous pourrez entendre le son « guèn ». Cela traduit la douleur ressentie au niveau des gencives. Cette dernière pousse les bébés à vouloir frotter ou masser la zone sensible.
Peut-on réellement décrypter les pleurs d’un bébé ?
De récentes études notamment celle de de l’université Jean Monnet à Saint-Étienne, de l’Inserm et du CNRS1 ont montré que les pleurs des bébés ne donnaient pas d’indications quant à leur cause (inconfort, faim, isolement etc…) tant en analyse acoustique par algorithme, qu’auprès d’un large panel d’auditeurs. Les données de Priscilla Dunstan sont donc à prendre avec pondération, et surtout ne vous inquiétez pas si vous ne différenciez pas différents pleurs chez votre bébé. En tant que parents et professionnels nous remarquons également que nous mettons du sens petit à petit sur les pleurs de notre enfant ou des enfants que nous connaissons bien. Les moments de la journée, les situations rencontrées nous donnent également des indices forts sur la raison des pleurs, parfois après coup mais cela nous aide toujours pour la suite. La clé est donc à la fois la confiance en soi, en son bébé et de la patience pour apprendre petit à petit à se connaitre et se comprendre.
Comment reconnaître les pleurs du soir ?
Les pleurs du soir débutent généralement à partir des deux premières semaines du nouveau-né avec un pic autour du 2ème mois. Ces pleurs du soir débutent généralement en fin de journée à partir de 18h et serviraient à décharger le trop plein de stimulations de sa journée car à cet âge il s’ouvre au monde qui est plein de nouveautés. Ils peuvent durer une dizaine de minutes jusqu’à 2 heures. Ces pleurs sont souvent difficilement apaisables par le parent. Le plus dur mais aussi le plus important est de ne pas douter de vos compétences parentales à ce moment-là. Certaines astuces pourront vous aider à traverser cette étape (comme par exemple, prendre un bain, être en peau à peau, faire une promenade…) , à vous de trouver celle qui conviendra à votre bébé car chaque enfant est différent et les situations vairées. Retrouvez des conseils plus spécifiques dans notre articles des méthodes pour soulager les pleurs du soir.
Quelques conseils pour calmer les pleurs du nourrisson
Chaque parent apprend à son rythme à comprendre les pleurs de son enfant, en fonction de la situation également. Votre bébé ne possède que les pleurs pour se faire comprendre et il ne fait jamais de caprices. Chaque pleur est « nécessaire » pour lui et appelle une réponse. Porter votre enfant est souvent le meilleur moyen de le consoler. La chaleur de vos bras et votre odeur le rassureront. Si cela ne fonctionne pas, vous pouvez lui chanter une chanson, vous promener dans la maison ou dehors, lui proposer un bain… Votre bébé aura du mal à s’apaiser si vous êtes tendus, essayer des méthodes qui vous conviennent et vous relaxent (le porter en écharpe en faisant la cuisine ou des exercices de respirations, écouter de la musique etc…). Si vous vous sentez à bout, cherchez à passer le relais à son deuxième parent ou si vous êtes seul à ce moment-là, mettez-le en sécurité pendant quelques minutes pour reprendre votre calme). N’abandonnez pas si ces astuces ne marchent pas du premier coup. Il faut parfois quelques essais avant que bébé ne s’y habitue et apprécie.
Quand s’inquiéter des pleurs de bébé ?
S’ils vous angoissent ou vous mettent très en difficulté, parlez-en tout de suite à un professionnel du soin et de la parentalité. Si les pleurs de votre enfant vous semblent anormalement prolongés, sachez que certains nourrissons dépassent l’étendue « normale » des pleurs de par leur tempérament : ceux qui pleurent longtemps, énormément et sans pouvoir être consolés pendant leurs premiers mois de vie.
Les indices des pleurs qui doivent alerter :
- Fréquence, durée et/ou tonalité très élevées, sans rythme évident en journée ;
- Poursuite après 4 mois d’âge ;
- Régurgitations fréquentes, difficultés d’alimentation, vomissements, diarrhée ;
- Perte de poids ou difficultés de croissance.
- Epuisement physique et/ou émotionnel d’un ou des parents.
La détresse parentale peut avoir de graves répercussions : parlez-en, préservez-vous pour protéger votre enfant :
Aussi, certains bébés sont plus difficiles à consoler, à comprendre. L’épuisement et l’exaspération parental peuvent avoir de lourdes répercussions pour un bébé. On estime qu’en France, chaque année, entre 400 et 500 bébés sont victimes du syndrome du bébé secoué : 20% en décèdent et 75% des survivants ont de graves séquelles.
En cas d’épuisement, d’exaspération ou encore d’impuissance, demandez à votre partenaire, un ami, ou autre de prendre le relais. Si vous êtes seul et vous sentez à bout, sur le point de craquer, isolez-vous quelques minutes en mettant votre bébé en sécurité dans son lit, son parc ou son transat et ne vous culpabilisez pas en vous disant incapable de consoler votre bébé (en passant le relais ou en reprenant votre calme, vous l’aidez et le protégez).
Si les pleurs de votre bébé ou votre parentalité vous mettent en difficulté, vous pouvez vous appuyer sur différents professionnels : les réseaux d’écoute et d’accompagnement des parents (REAAP) partout en France, les PMI, les maisons des 1000 premiers jours, les groupes de parents, les associations petite enfance, ainsi que les structures comme les crèches Les Petits Chaperons Rouges.
Mis à jour le 3 janvier 2025