Notre lutte contre les stéréotypes de genre

Lutter contre les stéréotypes de genre c’est d’abord en tant qu’adulte s’engager auprès des plus petits pour leur offrir une égalité des chances dès le plus jeune âge.
Il est intéressant d’éclairer le terme de stéréotype de genre car beaucoup de croyances peuvent se mélanger et se cacher derrière cette notion. Le stéréotype de genre se construit dans le domaine sociétal et enferme le rôle social de chacun par des jugements ou des attentes, mettant en contradiction deux groupes d’appartenance, les hommes et les femmes. Cette pensée n’est pas réfléchie, elle est inconsciente et est bercée par de multiples injonctions.
L’image de l’enfant et de sa représentation vont alors se construire en fonction de l’éducation qu’il recevra, de l’environnement social dans lequel il évoluera et bien sûr des adultes qui l’entourera.
Des études et travaux menés à ce sujet ont mis en lumière l’impact que peuvent avoir ces stéréotypes auprès des enfants :
- Les petites filles sont moins encouragées que les garçons à participer aux jeux de déplacement, (course, escalade…), de force ou de logique mathématique (cubes…).
- Au cours des échanges verbaux, les garçons sont moins interrompus que les filles.
- Les adultes prêtent davantage attention à l’apparence vestimentaire des filles, ainsi qu’à la manifestation de leurs émotions.
- À 80% les héros des livres jeunesses étaient de sexe masculin.
Le chemin peut être long avant d’atteindre l’égalité entre filles et garçons cependant de petites actions au quotidien permettent de lutter contre ses stéréotypes même s’il n’est pas tous les jours facile car les médias, la littérature jeunesse, l’industrie du jouet et de puériculture ne sont pas toujours aidant en ce sens.
Comment les stéréotypes de genre affectent-ils le développement de l’enfant ?
Le développement d’un enfant peut être profondément touché par des attitudes ou des paroles et un environnement imprégné de stéréotypes de genre.
Par exemple, dans la gestion de l’émotion, la verbalisation et/ou la qualification de l’état émotionnel d’un garçon ou d’une fille ne seront pas identiques. Il n’est pas rare pour un nouveau-né d’être rapidement apaisé ou non selon son genre. L’accompagnement et la réception des émotions d’un enfant par l’adulte peut également être nuancée. Un garçon fera « ses poumons » tandis qu’une fille sera déjà « capricieuse » pour son âge ou bien même il sera demandé à un petit garçon de s’interrompre tout en qualifiant cette attitude comme attribuée aux petites filles.
L’émotion de la joie peut être aussi stéréotypée car l’expression de celle-ci sera perçue différemment par l’adulte : un groupe de petites filles peut-être invité à diminuer le volume sonore alors qu’un groupe de petits garçons sera invité à faire du bruit mais dans un autre espace pour ne pas déranger les adultes.
Il est donc parfois notable que les stéréotypes de genre peuvent impacter les premières semaines de vie d’un enfant tant dans la reconnaissance que dans l’accompagnement des émotions en les limitant ou en les surdimensionnant.
Inévitablement, la confiance en soi ainsi que l’estime de soi seront impactés par l’attribution ou non-attribution de certaines qualités. Que ces qualités soient attribuées au caractère de l’enfant, de son domaine d’épanouissement, de ses choix scolaires, ses réussites ou échecs cela peut influencer sur la construction de l’image propre de l’enfant et être impactant sur son avenir.
La douceur et la concentration ne sont pas donc réservées aux filles, et la force et le courage aux garçons.
Toutes ces injonctions créées ce que l’on appelle un plafond de verre, limitant ou conditionnant les choix du futur adulte qu’il sera.
Quelle attitude adopter avec mon enfant ?
Parce que l’égalité des genres n’est pas un sujet du point de vue d’un enfant, l’adulte qui l’entoure doit être vigilant à ne pas l’en imprégner afin de lui offrir un environnement sécurisant, valorisant et éliminant tout type de plafonds de verres influençant son épanouissement.
Bien sûr, il n’est pas question d’interdire à une petite fille de se déguiser en princesse, tout comme de lui faire remarquer que l’armure de chevalier n’est pas faite pour elle. La pédagogie égalitaire ouvre le champ des possibles car s’il est essentiel que les enfants s’identifient en tant que fille ou garçon, ils doivent pouvoir choisir d’être filles ou garçons à leur manière.
Accompagner son enfant dans son épanouissement, c’est avant tout l’accompagner dans ses choix. L’enfant doit être valorisé dans ses capacités et ses compétences ce qui se retrouvera plus tard dans ses propres domaines d’épanouissement, dans les choix de filières scolaires et même dans leurs choix d’avenir professionnels.
Soutenir sa pensée et l’aider à ce qu’elle devienne critique, c’est-à-dire, faire en sorte que son enfant pense par lui et pour lui-même est déjà une très grande richesse. En effet, votre enfant ne se sentira pas menacé dans ses choix, mais répondra pleinement à ses besoins et envies sans être influencé par son genre. N’oublions pas qu’un tout-petit apprend et découvre son identité sans aucun représentation préconçue.
Revenons sur le développement de l’intelligence émotionnelle d’un enfant. L’immaturité neurologique de son cerveau le rend dépendant de l’adulte et vulnérable face à ses propres émotions. L’aider à développer sa propre réponse émotionnelle se traduit par mettre des mots sur ses émotions, l’aider à trouver un moyen d’expression et se sentir libre de vivre une émotion. Eviter de catégoriser les émotions par le genre aidera votre enfant à trouver une réponse émotionnelle qui lui sera propre.
Ne cherchons pas à être « LE parent parfait » dans le domaine de la lutte contre les stéréotypes de genre car même si beaucoup de choses se déroulent lors de la toute petite-enfance, vous n’êtes pas seul à porter cette responsabilité. Faire de son mieux et être sensible à ce sujet, c’est donc ça être « un parent parfait ».
Une attention particulière en crèche pour lutter contre les stéréotypes
Chez les Petits Chaperons Rouges, c’est un sujet qui nous tient à cœur ! Notre projet pédagogique est en cohérence avec la Charte Nationale d’accueil du jeune enfant et le travail d’inclusion et du vivre ensemble se reflète naturellement dans nos pratiques et réflexions quotidiennes. Nous sensibilisons les équipes de crèches en nourrissant leurs réflexions lors de journées pédagogiques, de conférences et de réunions. Pour les enfants, grandir au sein de nos structures c’est être libre de choisir, être respecté dans ses droits, ses compétences et ses capacités. Nous sommes engagés auprès des familles pour les aider et les accompagner dans leur épanouissement.
La pluridisciplinarité de nos équipes de crèche est une valeur ajoutée permettant aux équipes d’analyser leurs pratiques et faire évoluer les représentations.
La lutte contre les stéréotypes de genre au sein de nos structures se traduit donc par :
- Eliminer une signalétique caractérisant le genre de chaque enfant. Les couleurs rose et bleu ne sont pas attribués selon le genre des enfant accueillis dans les crèches
- Trouver la parole juste et égalitaire. Les professionnels s’adressent aux enfants sans y nuancés leurs termes dg vocabulaires. La parole et le temps d’échange est propre à chaque enfant. L’accueil individualisé que nous leurs offrons permet de personnaliser l’accompagnement en fonction de chaque enfant. Une parole juste et égalitaire est donc une parole adaptée aux besoins de chacun.
- Eviter les injonctions en lien avec la gestion de leurs émotions. Chaque enfant est libre de vivre et d’exprimer ses émotions sans que cela ne soit catégoriser comme positif, négatif, féminin ou masculin.
- Ouvrir le champ des possibles et des représentations à l’aide de la littérature jeunesse. Un choix professionnel riche et diversifié de livres est mis à disposition des tout-petits.
- Soigner la sélection de jouets et veiller aux représentations et messages induits. Proposer à tous les enfants les mêmes jeux (caisse de voiture, poupées, jeux d’extérieur…). Le libre choix et l’autonomie sont des axes forts de notre projet pédagogique qui se retrouvent dans les aménagements des espaces, le choix du matériel ainsi que de sa mise en scène. L’enfant est invité à jouer librement sans être limité ou influencé par son genre dans des espaces ouverts et foisonnants.
- Rester centrer sur les besoins et envies des enfants et ce grâce à un outils professionnel fort: l’observation permettant une connaissance fine, précise de chacun.
- Proposer des temps de causeries et d’échange cultivant la pensée critique de l’enfant
- Valoriser l’enfant et non son genre.
Mis à jour le 2 janvier 2025