Comment limiter la frustration chez l’enfant ?

deux enfants se regardent

La frustration survient quand on se sent bloqué et/ou limité dans l’atteinte d’un but. Elle est présente dans le quotidien des enfants, qui ne savent pas comment y réagir. Explorons quelques pistes pour les aider.

Qu’est-ce que la frustration ?

La frustration est une émotion de transition qui mobilise chaque individu pour trouver une solution alternative. Quand la personne ne tolère pas la frustration, elle se sent bloquée, ce qui intensifie l’émotion et peut créer un débordement émotionnel.

Chez les tout-petits, la frustration se manifeste de différentes manières. L’enfant va s’agiter, souffler, pleurer ou encore jeter et taper, se rouler par terre.

Avant 5-6 ans, les jeunes enfants ont du mal à tolérer la frustration. Leur maturation neuronale ne leur permet pas encore d’utiliser différentes compétences émotionnelles et cognitives pour faire face à cette émotion si particulière.

C’est avec différentes stratégies, outils et soutien de la part des adultes qui les accompagnent qu’ils vont pouvoir développer leurs capacités à trouver de nouvelles solutions, réguler l’intensité de leurs frustrations, être plus patient, faire face à un blocage ou une déception ou encore communiquer ce qu’ils ressentent.

En adaptant l’environnement à l’âge et aux besoins de votre enfant dans ses premières années, vous pouvez limiter certaines sources de frustrations. L’intérêt de cela est de créer des opportunités d’accompagnement sur les autres frustrations dites « naturelles », car trop de frustrations au quotidien pour votre enfant peut empêcher le développement de certaines compétences.

Astuces pour créer un environnement adapté à l’enfant à la maison :

La maison : un vrai terrain d’explorations

Entre 2 mois et 2 ans environ, votre enfant est dans une période dite sensori-motrice.

Il découvre son corps, explore son environnement. Il apprend aussi à repérer les objets qui l’entourent et à se situer dans l’espace. Et la maison est un véritable terrain d’apprentissage ou d’exploration par le jeu.

Pour limiter les sources de frustrations dues à un environnement avec un grand nombre d’interdits, vous pouvez penser cet espace en vous mettant à sa hauteur. Car votre enfant va chercher à comprendre et découvrir avec son corps (ses mains, sa bouche, etc.) tout ce qui lui est accessible.

Il s’agit évidemment de sécuriser votre intérieur (prise, escalier, placard), de retirer les objets qui ne sont pas adaptés à son âge (vase en cristal, télécommandes, téléphones…). Vous allez ainsi lui permettre d’explorer son environnement en toute sécurité, le laisser découvrir à vos côtés, en prenant des risques mesurés. C’est également le moment idéal pour préparer des paniers à trésors avec des objets de la maison soigneusement choisis.

Des jeux adaptés à son stade de développement

Pendant ses premières années, votre enfant passe par différents stades de développement et cela va se ressentir dans ses explorations et jeux : il va chercher à tout explorer avec sa bouche, grimper, transvaser, jeter ou encore patouiller.

En observant la manière dont votre enfant explore son environnement en ce moment, vous pouvez adapter le choix des jeux et activités, ce qui facilitera son engagement et son attention, permettant de limiter les frustrations.

Mais faire un choix n’est pas toujours simple avec tout ce qui est à votre disposition, voici quelques recommandations pour vous aider :

  • évitez les jeux à multiples propositions et éléments sensoriels. Par exemple, au lieu de choisir un piano avec des couleurs, des bruits d’animaux et de nombreux boutons, préférez un instrument simple.
  • privilégiez la simplicité : des jeux en bois, des éléments de la « vraie vie » comme des boites vides, du carton, etc.
  • adaptez les jeux à l’âge ou stade de développement : votre enfant doit pouvoir explorer seul le jouet, sans votre aide et au sol dans une zone délimitée comme sur un tapis par exemple

Avec ces conseils, si votre enfant ne souhaite pas jouer, ce n’est peut-être tout simplement pas le bon moment pour lui.

L’équipe de la crèche propose ce type de jouet, favorisant la concentration et limitant les surstimulations sensorielles. L’enfant est ainsi plus calme et apprend en douceur de ses expériences. N’hésitez pas à observer la salle dans laquelle évolue votre enfant et/ou à échanger avec les professionnels.

Créer des routines visuelles

Avoir des repères visuels est rassurant pour un jeune enfant et peut éviter certaines frustrations dues à une incompréhension ou du stress.

Vous pouvez les mettre en place dès l’âge de 2 ans. Pour cela, prenez en photo votre enfant dans chacune de ses actions du matin et/ou du soir (s’habiller, manger, jouer) puis affichez vos photos au mur en ajoutant un élément permettant de valider et/ou suivre les différentes tâches (une flèche, un scratch ouvert/fermé etc.).

Faire des demandes uniques et claires

Les jeunes enfants ont une grande capacité d’apprentissage et créent de nouvelles connexions neuronales rapidement, mais leur mémoire de travail est limité à 1-2 informations avant 5 ans.

Je vous encourage à faire une seule demande précise pour ne pas le surcharger.

Vous l’avez compris, la frustration est une émotion de transition qui aide chacun à trouver des solutions alternatives. Chez votre enfant, elle se manifeste souvent par des comportements agités à cause de son développement neuronal encore immature. Vous pouvez le soutenir en créant un environnement adapté à son âge, en adaptant votre communication et en proposant des jeux appropriés à chaque étape de son développement. En établissant des routines visuelles et en formulant des demandes claires, vous offrez des repères rassurants à votre enfant, vous l’aidez à mieux comprendre et à gérer le quotidien.