Accompagner les premiers pas de bébé
Étape cruciale du développement psychomoteur de l’enfant, la marche est en général très attendue par les parents. Dorothée Pierre, psychomotricienne, rattachée aux crèches Les Petits Chaperons Rouges d’Aix-en-Provence, vous conseil pour aider bébé à franchir le pas !
Comment bébé fait-il ses premiers pas ?
Dorothée Pierre : Il s’agit d’un long chemin, qui s’appuie sur de nombreuses étapes intermédiaires avant d’aboutir aux premiers pas de l’enfant. Pour se lancer dans la quête des premiers pas, ce dernier doit avoir confiance en ses capacités motrices, avoir acquis équilibre et force musculaire… Sous la pression sociale, familiale et parfois médicale, les parents sont inquiets de voir que leur enfant met du temps à marcher.
A quel âge un enfant marche ?
A quel âge marche un bébé est une question fréquente de la part des parents. Il est bon de rappeler que les enfants marchent rarement lors de leur première année (même si l’apprentissage se situe entre l’âge de 9 et 20 mois à chacun son propre rythme). Chaque chose à la fois, donc, ne soyons pas si pressés ! Les instants magiques des premiers pas et l’apprentissage de la marche appartiennent à l’enfant et à lui seul, tout comme celui de la propreté ou d’autres étapes clés de sa vie. Au-delà de l’âge, certains enfants attendront d’être tout à fait prêts se mettrons facilement en position debout et ne tomberont presque jamais, d’autres marcheront plus vite, quitte à se faire quelques bosses lors de petites chutes !
En quoi les parents participent-ils à ce processus ?
Dès les premières semaines de vie, il faut encourager la motricité libre, c’est-à-dire permettre à l’enfant d’évoluer comme il lui plaît dans un environnement protecteur et adapté à son âge. Pour cela je recommande aux parents de ne pas abuser du transat, car il restreint tous les mouvements latéraux qui sont les seuls mouvements possibles des tout-petits. L’enfant n’a alors que d’autre choix que de contracter ses abdominaux pour se redresser. Souvent le parent pense que son enfant a envie d’être assis et le met trop vite dans cette position insécurisante et, elle aussi, restrictive. Alors que si le bébé est habitué à être allongé sur le dos, très vite, il va se mouvoir latéralement, tourner la tête, apprendre à se retourner puis ramper. Le « 4 pattes » lui permettra ensuite d’appréhender le monde : découvrir la notion de relief, de vide et de hauteur. Cette façon de « voir avec les mains » renforce la sécurité intérieure du tout-petit et envoie à bébé des informations sensorielles, précieuses pour les apprentissages moteurs ultérieurs. La coordination se met en place : pour le « 4 pattes » comme pour la marche, le mouvement est le même (bras gauche et jambe droite / bras droit et jambe gauche). Marcher c’est donc la finalité d’une succession d’étapes que l’enfant passe à son propre rythme, mais qui ne peuvent être “sautées” ou accélérées.
Est-il nécessaire de stimuler la marche ?
Non, il suffit seulement de l’accompagner. L’enfant qui a appris à se mouvoir au sol est forcément capable un jour de prendre appui sur ses jambes de sa propre initiative pour se redresser. Quand j’interviens en crèche, j’encourage le personnel à laisser les enfants apprendre à leur rythme. On peut tendre les bras en l’air vers un enfant pour l’inviter à nous rejoindre, mais s’il choisit le « 4 pattes » il faut respecter son choix. Quant à le faire marcher, c’est à mon sens contre-productif, car l’appui qu’il trouve sur la main de l’adulte ne lui permet pas de travailler son équilibre. En famille, au lieu de vouloir constamment amener l’enfant dans la verticalité, mettez-vous de temps en temps à sa hauteur, dans son monde à lui.
Alors, comment aider l’enfant dans l’apprentissage de la marche ?
Par un regard encourageant, bienveillant, tourné exclusivement vers lui (et non vers la télé ou le portable). Si le parent est immobile et attentif à son enfant, ce dernier sera au contraire dans le mouvement et aura envie d’aller explorer le monde. Il est important aussi de ne pas avoir trop d’interdits à la maison, pour que l’enfant puisse déambuler, monter sur le canapé, ramper sous la table basse… dans un environnement sécurisé bien sûr (barrière d’escalier, angles des tables protégés, etc.). Côté vêtements, ils doivent être amples et confortables pour permettre une bonne ouverture des jambes. Ainsi, bébé reste libre de ses mouvements. Côté matériel, les youpalas, trotteurs sont à proscrire au profit des chariots de marche, parfaits pour apprendre à trouver son équilibre, se lâcher, mettre un pied devant l’autre et avancer.
Quelles chaussures pour bébé qui vient d’apprendre à marcher ?
Pour aller dehors, oui. Mais à l’intérieur, si les conditions de chauffage le permettent, il est bon de laisser le bébé pieds nus. En effet, les pieds sont précieux pour lui : il les attrape, les mordille, s’en sert pour toucher des objets, prend appui sur les gros orteils pour ramper. Marcher pieds nus est la meilleure façon d’apprendre à s’adapter au terrain, de vivre de vraies sensations et de se muscler et d’avoir des bases solides. Alors, au placard les chaussettes antidérapantes et les mignons petits chaussons et chaussures de bébé ! En crèche, comme à la maison, je milite pour la libération des pieds !
Comment savoir si mon bébé est prêt à marcher ?
Un bébé est prêt à marcher lorsqu’il a assez développé sa motricité globale, a ce stade il sera capable de mettre en pratique son équilibre et sa coordination. L’enfant doit aussi avoir développé les grands muscles de son tronc qui vont lui permettre de bouger ses bras, ses jambes, son dos, son cou ainsi que ses épaules. Les premiers pas de bébé arrivent lorsqu’il est prêt physiquement mais aussi mentalement. En effet, l’enfant doit avoir acquis une certaine confiance en lui et analysé son environnement pour se lancer à faire ses premiers pas. De plus, il dois notamment être capable de commander ses muscles pour qu’ils exercent les bon mouvements. En général on voit qu’un enfant est prêt à marcher lorsqu’il a franchit le cap de se tenir debout seule et se relever, de pousser un chariot de marche et de se déplacer en se tenant à un meuble. C’est le début de l’indépendance !
Quelles sont les différentes étapes qui précèdent l’acquisition de la marche autonome ?
Avant l’apprentissage de la marche, l’enfant peut passer par différentes étapes qui vont l’aider à se sentir suffisamment prêt :
- Se retourner : Bébé se tourne sur le ventre lorsqu’il est sur le dos et inversement
- Ramper et/ou avancer à quatre pattes : Après avoir acquis la position assise, bébé apprendra à se déplacer pour explorer les environs. Chaque enfant peut avoir une façon différente de le faire et il arrive que certains bébés sautent ses deux étapes.
- Se tenir debout : Voilà une étape importante que votre bébé atteindra avant de se mettre à marcher. Il va pouvoir découvrir le monde d’un autre angle en se tenant à l’aide d’un meuble. Il va pouvoir se déplacer à la verticale au fur et à mesure lorsqu’il comprendra comment soulever ses pieds pour avancer en transportant son poids d’une jambe à une autre.
- Les premiers pas : Bébé sait se tenir debout tout seule. Il se sent prêt et stable pour lâcher tout support et commence à faire ses premiers pas seul. Au début, il sera plus ou moins hésitant et maladroit et aura besoin de se tenir encore quelques fois mais il s’améliorera au fur et mesure dans cet exercice en peu de temps.